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Tout engagement en vaut la peine

Cela fait plus de trente ans que je m'engage pour la protection de l'environnement. J'ai connu des hauts et des bas. En ce moment, nous traversons une période particulièrement difficile. Le Covid, la guerre en Ukraine et Trump 2.0 occupent le monde entier. Les choses moins urgentes - et la protection de l'environnement en fait partie pour beaucoup - doivent être reléguées au second plan. Pire encore : pour beaucoup, la protection de l'environnement (ou plus précisément les écologistes) est devenue l'ennemi à abattre.


Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi se contente-t-on aujourd'hui d'être pour ou contre, et n'est-on plus disposé à chercher ensemble des solutions acceptables ?

Ion Karagounis

Les raisons sont généralement rapidement identifiées : La polarisation croissante en politique, dans les médias et dans la société, alimentée par le bashing permanent sur les réseaux sociaux. Ce n'est que partiellement vrai. Cela tient aussi à la protection de l'environnement elle-même. Les défis ont massivement évolué. A la fin du siècle dernier, il s'agissait de problèmes locaux comme la pollution des eaux, qui pouvaient généralement être résolus par des mesures techniques - pour les cours d'eau, par la construction de stations d'épuration. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un défi global avec le changement climatique et la perte de biodiversité. Il ébranle les fondements de notre société, il remet en question nos acquis et notre mode de vie. Pas seulement dans le Sud, mais aussi chez nous. Cela fait peur à beaucoup de gens.


Il n'existe pas de solutions simples et il faut plus que des approches techniques : L'esprit communautaire, la considération, la compréhension mutuelle, la coopération au-delà des frontières et la solidarité avec les plus faibles. C'est tout cela qui fait défaut actuellement. L'esprit de compétition, les prétentions au pouvoir effrénées d’hommes âgés, le déni des faits désagréables et l'exclusion des opinions qui ne sont pas les bienvenues font qu'il est difficile de réagir de manière appropriée et suffisamment rapide face aux menaces.


Il y a cette belle devise "Change by Design, not by Desaster" ("Le changement par la conception, pas par le désastre"). Derrière ce slogan se cache l'idée qu'il est possible d'anticiper et de gérer intelligemment le changement vers une économie respectueuse de l'environnement et d'éviter ainsi des catastrophes majeures. Il existe beaucoup de recherches scientifiques et de littérature sur ce sujet. Au WWF ou au One Planet Lab, nous essayons de faire entrer ces idées dans la vie quotidienne.


Ce qui semble convaincant en théorie n'est malheureusement pas si facile à mettre en œuvre. Nous ne pourrons guère éviter de prendre des détours sur la voie d'une société et d'une économie respectueuses du climat. Ils entraîneront beaucoup de souffrance, bien plus que ce qui est théoriquement nécessaire.


Même si les éternels hauts et bas sont frustrants, je suis convaincu que tout engagement en vaut la peine, surtout en ce moment où beaucoup de choses semblent aller à l'encontre de la préservation de l’environnement. Car chaque souffrance que nous pouvons éviter ou réduire vaut la peine de s'engager. J'ai lu récemment une citation de Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l'ONU dans les années cinquante : "Les Nations unies n'ont pas été créées pour conduire l'humanité au paradis, mais pour la sauver de l'enfer". Il en va de même pour la protection de l'environnement. C'est précisément pour cette raison que je m'engage depuis trente ans en sa faveur.


Nous excusons volontiers notre démarche hésitante en disant : "De toute façon, nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve". C'est faux. Car on peut compter sur la nature. Nous savons très bien comment elle réagira si les émissions de CO2 restent élevées et si les températures continuent d'augmenter : davantage de fortes pluies, de tempêtes, de sécheresses et une hausse du niveau des mers. Nous savons ce qui se passera si nous continuons à détruire d'énormes surfaces de forêts et si nous continuons à vider les mers : Nos ressources biologiques et alimentaires diminueront.


Le plus grand facteur d'incertitude est l'homme lui-même. "Parviendrons-nous à maîtriser la crise climatique ?" On me pose régulièrement cette question lors de conférences et de podiums. Malheureusement, je ne fais pas partie de ceux qui sont dotés d'un optimisme sans limite. La plupart du temps, ma réponse est évasive : Nous avons le savoir et nous connaissons les possibilités. Quant à savoir si nous allons saisir cette opportunité, c'est une autre question.



Ce qui me fait douter

  • La minimisation ou la négation des faits

  • La croyance en des solutions simples et confortables

  • Les chiffres, par exemple les émissions de CO2 qui continuent d'augmenter

  • L'accord sur le principe et le désaccord quand cela devient concret.

  • Le désir que tout redevienne comme avant.


Ce qui me donne de l'espoir

  • Les nombreuses (jeunes) personnes qui s'engagent pour notre environnement

  • Les chiffres, par exemple la baisse des prix du photovoltaïque et des batteries

  • La capacité d'adaptation de l'homme quand il y a vraiment le feu

  • Même si cela peut paraître cynique : la pression croissante de la souffrance (caves inondées, maisons brûlées, voies de communication ensevelies)

  • L'optimisme et la volonté de créer de l'homme


Ma conclusion : ceux qui, comme moi et surtout aujourd'hui, ont tendance à être pessimistes, ne devraient pas oublier : N'avoir toujours que le pire scénario possible en tête, ruminer sans cesse, tourner en rond dans la boucle sans fin de la menace de déclin, voilà ce qui nous rend malades. L'optimisme, la spontanéité et la créativité sont des qualités qui nous ont toujours permis d'avancer. Toujours reprendre espoir, même si le contexte, considéré objectivement, n'est guère favorable. Cela ne vaut pas seulement pour le développement de nouveaux médicaments ou de nouvelles applications de l'intelligence artificielle, mais aussi pour la défense contre la crise environnementale.


Ce fut la dernière contribution de Ion Karagounis pour le blog Rethink du One Planet Lab. D'autres textes ou un extrait de son roman "Was wir hinterlassen" ("Ce que nous laissons derrière nous"), sont disponibles sur https://was-wir-hinterlassen.ch 


Le prochain article de blog sera publié au mois d’août 2025

 


 

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