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Photo du rédacteurOne Planet Lab

Vers le zéro net avec l'économie circulaire ?

Le Conseil fédéral souhaite atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 et donc, en fin de compte, ne plus émettre de gaz à effet de serre. La loi soumise aux votes et approuvée en juin 2023, exige pour cela l'abandon des énergies fossiles, une déduction au moins linéaire des émissions de gaz à effet de serre et une mise en œuvre socialement et économiquement acceptable. Les jalons sont posés, mais comment atteindre cet objectif ? L'économie circulaire peut-elle aussi apporter sa contribution ? Et laquelle ?


Comment l'économie circulaire peut-elle réduire les émissions de CO2 ?

Une étude de l'EPFZ donne un aperçu de cette question : l'équipe d'auteurs a identifié différentes possibilités d'augmenter la circularité des matériaux et de réduire les émissions de CO2. Le cadre 10R de Potting et al. (2016) a servi de base, avec lequel des scénarios de réduction des émissions ont été créés pour les secteurs les plus importants et leurs matériaux, puis évalués au niveau écologique. Cela semble compliqué, mais ça peut être simplifié : Si l'on utilise davantage de bois dans le secteur de la construction, l'utilisation d'acier et de béton diminue. Ces matériaux sont très gourmands en énergie lors de la production - une utilisation réduite permet d'économiser de l'énergie et donc des émissions de CO2.

Le cadre 10 R définit dix stratégies d'économie circulaire. Elles sont regroupées en trois stratégies principales qui donnent des informations sur la manière de réduire l'impact environnemental : une fabrication plus innovante, une prolongation de la durée de vie et une utilisation réfléchie des matériaux. Bien entendu, il existe différentes approches pour définir des stratégies d'économie circulaire, le cadre 10 R n'en est.

Catégories de l'économie circulaire et exemples limitant les émissions  de CO2

Cadre 10 R selon Potting et al. (2016), tiré du livre blanc de Wiprächtiger et al. (2022)


Dans quels secteurs y a-t-il du potentiel ?


Dr Maja Wiprächtiger, a obtenu son doctorat à la chaire de conception de systèmes écologiques à l'EPFZ de Zurich et est actuellement cheffe de projet chez realcycle GmbH. Dans son étude, elle et ses collègues ont examiné les possibilités de mettre en œuvre les stratégies susmentionnées dans neuf secteurs industriels différents et se sont demandé : quels sont les processus, les produits et les matériaux qui émettent le plus de CO2 ? Et avec quelle stratégie pouvons-nous économiser combien de CO2 ? Les émissions sont indiquées en équivalent CO2 (CO2-eq) pour une meilleure vue d'ensemble des résultats, toujours pour l'année 2050, date à laquelle la Suisse souhaite atteindre la neutralité climatique.


Les déchets alimentaires :

Les déchets alimentaires dans les ménages, la restauration mais aussi dans la production et la transformation pourraient être réduits de 50% selon l'Objectif de développement durable 12.3. Cela entraînerait une économie de 3,4 méga-tonnes équivalent CO2 en 2050. Les calculs d'une autre étude de l'EPFZ en sont la base (C. Beretta & S. Hellweg, 2019).


Industrie de la construction (acier et béton) :

Si l'on pouvait réduire l'utilisation de l'acier et du béton, par exemple en conservant les structures des bâtiments, en utilisant davantage de bois ou en utilisant du béton fabriqué de manière circulaire, il serait possible d'économiser 1,8 mégatonnes équivalent CO2.


Déchets plastiques :

Pour les plastiques, la conception des produits et le recyclage pourraient être encore optimisés. De plus, les déchets plastiques devraient être collectés plus souvent. La mise en œuvre de ce scénario permettrait d'économiser 1,3 mégatonnes de CO2-eq.


Engrais de ferme :

Dans la production d'énergie, les chercheurs voient un potentiel dans la collecte d'engrais de ferme. Celui-ci peut être fermenté de manière anaérobie et être ensuite injecté dans le réseau de gaz. Ils prévoient une possibilité d'économie de 1,1 mégatonne de CO2-eq.


Les déchets ménagers :

Un meilleur recyclage et une meilleure réutilisation des déchets ménagers comme le verre, l'aluminium, le fer, le papier et le carton devraient permettre d'économiser du CO2 supplémentaire.


Meubles de maison :

Les cycles de vie des meubles doivent être prolongés et le recyclage du bois doit être amélioré.


Les matériaux isolants :

Il y a également du potentiel dans les matériaux isolants : un meilleur recyclage, une utilisation accrue de matériaux biogènes et renouvelables, et l'abandon des nouveaux - ainsi que le recyclage des anciens - matériaux isolants fossiles et minéraux.


Les vêtements :

La réduction de la consommation, l'augmentation des réparations et des réutilisations en Suisse peuvent limiter l'impact environnemental. De plus, selon le scénario, 25% de la population suisse pourrait "partager" ses vêtements grâce à des systèmes de bibliothèques de mode.


Les solvants :

L'industrie chimique doit régénérer davantage de solvants.


Graphique des types de déchets émettant le plus de Co2 en Suisse

Économies potentielles d'émissions de gaz à effet de serre (Mt CO2-eq) en 2050 des scénarios CE pour le scénario combiné


Séparation d'UTO

Actuellement, on parle souvent de la capture du CO2 dans l'air d'évacuation des usines de traitement des ordures (UTO), des installations de chauffage au bois et des cimenteries. Wiprächtiger et ses collègues ont estimé un potentiel de 4,4 mégatonnes de CO2. Mais s'il y avait moins de déchets en raison de la mise en œuvre des mesures mentionnées ci-dessus, ce potentiel de captage diminuerait naturellement aussi.

Pour modéliser ce à quoi ressemblerait la situation si tous les scénarios étaient mis en œuvre, les chercheurs de l'EPFZ ont également créé un "scénario combiné". Celui-ci identifie les meilleurs et quantifie les interactions entre ces scénarios. Ce scénario combiné permettrait d'économiser potentiellement 12 mégatonnes de CO2-eq par an. Les chercheurs écrivent :

"Si l'on compare ce potentiel aux émissions de GES actuelles, 22% des émissions de GES produites en Suisse pourraient être réduites. Les émissions de GES générées par la consommation suisse et produites en grande partie à l'étranger pourraient être réduites de 14%".

L'étude montre donc qu'il n'est pas possible d'atteindre l'objectif net zéro avec les seules stratégies d'économie circulaire proposées. Cependant, en combinaison avec la transformation du système énergétique et une mobilité modifiée, l'économie circulaire peut apporter une contribution décisive à la réduction des émissions de CO2 vers la neutralité climatique.

 

Pour approfondir sur le sujet :

🎥 Vidéos

📃 Articles, études et littérature

🎧 Podcasts


🎥 Vidéo explicative sur l'économie circulaire et comment la société peut repenser le progrès


🎥 Un panel de Freitag sur l'économie circulaire - la clé du zéro net


📃 Étude : L'économie circulaire durable comme élément clé vers le zéro net


📃 La recherche du Dr Maja Wiprächtiger sur l’économie circulaire et le zéro net Chapitre 5


📃 La Fondation Suisse pour le Climat soutient des projets qui contribuent au zéro net grâce à l'économie circulaire


📃 Avec la Circular Cities Declaration, les villes s'engagent à promouvoir le changement vers l'économie circulaire au niveau communal. En Europe, plus de 60 villes l'ont déjà signée



Portrait de du Dr Maja Wiprächtiger
Cet article de blog a été écrit avec l'apport professionnel du Dr Maja Wiprächtiger, cheffe de projet chez Realcycle et experte en économie circulaire.



Sources:



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