Récemment, j'ai pu participer à un projet de réouverture d'un établissement de restauration. Tout se passait bien jusqu'au moment où il a été question d'environnement. "Pouvez-vous me dire quel est le réfrigérateur qui consomme le moins d'énergie ?" "Je ne le sais pas. Cela n'intéresse personne dans la restauration". "Qu'en est-il de l'extinction de la machine à café pendant la nuit ?" "Quoi, l'éteindre ? Il vaut mieux laisser cette machine en marche en permanence".
Ces déclarations m'ont agacé, mais en même temps, je peux comprendre. La pression du temps est forte pour tous les participants mêlés à la planification et à la construction et personne n'est prêt à assumer et à rémunérer des efforts supplémentaires.
Malgré tout, comment se fait-il que nous parlions depuis des années de mesures d'économie d'énergie et que si peu de choses aient été mises en œuvre au quotidien ?
Le débat de l'automne dernier sur une éventuelle pénurie d'énergie et la hausse des prix de l'électricité semblent également n'avoir eu aucun effet. Je peux me tromper, mais le secteur de la restauration ne doit pas être le seul pour lequel la réalité est encore bien en deçà des souhaits.
Que faire alors ?
Mieux informer les personnes concernées. Mieux former les professionnels. Montrer par de bons exemples qu'il est possible de faire autrement. Tout est juste mais ça ne suffira pas.
Il faut rendre facile l’adoption d’un comportement respectueux de l'environnement. Beaucoup plus facile à intégrer qu'aujourd'hui. Tant qu'il faudra faire un kilomètre supplémentaire ou payer plus pour arriver à une solution respectueuse de l'environnement, seule une petite partie des gens le fera volontairement.
Bien sûr, le Corona virus a montré que nous, les humains, sommes aussi capables et prêts à des performances extraordinaires et à des privations. Il a également montré que cela ne se fait guère volontairement sur une longue période ou seulement s'il y a des règles claires qui s'appliquent à tous.
Que faire alors ? Les incitations doivent être fixées différemment. Il peut s'agir d'incitations financières, de directives contraignantes, d'infrastructures améliorées ou d'une plus grande convivialité.
Voici quelques exemples :
Incitations financières : une taxe sur la consommation d'énergie a pour effet de rendre les prix des appareils économes en énergie plus intéressants que ceux qui consomment beaucoup d'énergie.
Des obligations : Des directives ont pour effet que seuls les appareils particulièrement efficaces sur le plan énergétique peuvent être mis sur le marché et que l'on ne doit plus se poser la question de la consommation d'énergie.
Infrastructure : qui veut faire du vélo dans une ville où il n'y a pas de pistes cyclables ? Il faut donc créer davantage de pistes cyclables.
Convivialité : "Zurich Londres vol pas cher" : pour prendre l'avion, il suffit d'entrer quelques mots-clés dans le masque de recherche et on obtient des offres à la pelle. En ce qui concerne les voyages en train, l'achat de billets transfrontaliers peut tourner au cauchemar. Les voyages au-delà des frontières nationales ne deviendront un succès que lorsqu'il sera beaucoup plus facile qu'aujourd'hui de réserver un billet. Toujours est-il que les premières offres dans ce sens voient actuellement le jour (https://thetrainline.com).
Ces approches ne peuvent être concrétisées que par des mesures collectives. Dans de nombreux cas, la politique est sollicitée (incitations financières, offres, infrastructures), dans d'autres, c'est aux entreprises d'être actives (billets de train).
Chaque fois qu'il est question de nouvelles lois, nous nous plaignons que les libertés personnelles sont restreintes.
Rien de plus faux : on n'interdit à personne d'acheter un réfrigérateur. On n'interdit à personne de se rendre de Zurich à Londres. Mais si de nouvelles lois existent alors il sera plus facile pour les gens de choisir l'option écologique que ça ne l’est aujourd’hui :
· Parce qu'elle sera moins chère
· Parce qu'elle sera plus facile à obtenir
· Parce que cela sera automatique et ne demandera aucun effort supplémentaire
Ma conclusion : premièrement, il ne suffit pas d'informer et de motiver les gens pour les inciter à agir de manière écologique. Il faut leur faciliter la tâche. Deuxièmement : c'est à la politique et à l'économie de créer les conditions-cadres correspondantes.
Tous les articles de blog précédents : https://www.one-planet-lab.ch/blog/categories/rethink-now-1
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