Les rebondissements de la politique climatique ont quelque peu éludé le débat sur la transition énergétique. Pourtant, une décision importante vient d’être prise en la matière à la session de septembre. Sans elle, les soutiens aux énergies renouvelables auraient dû être brutalement interrompus.
Souvenez-vous, le 21 mai 2017, le peuple acceptait la Stratégie énergétique 2050. Il décidait ainsi la sortie progressive du nucléaire, en interdisant la construction de nouvelles centrales, et validait des mesures de soutien aux énergies renouvelables et à l’efficacité électrique. La durée de ces encouragements était cependant limitée dans le temps, la première échéance intervenant à fin 2022 déjà, pour la rétribution du courant injecté issu de sources renouvelables.
Une deuxième étape de la Stratégie énergétique 2050 aurait dû prendre le relai. Elle prévoyait d’instaurer des taxes incitatives, considérées comme plus efficaces et plus libérales que les subventions. Cette deuxième étape, menée à l’époque par la conseillère fédérale Evelyne Widmer-Schlumpf, a cependant échoué au parlement.
Adèle Thorens Goumaz
Conseillère aux Etats verte vaudoise
Il a dès lors fallu trouver une solution rapide, pour que les soutiens aux énergies renouvelables ne soient pas interrompus. Celle qui a été validée lors de la session de septembre est réjouissante. Initiée par le conseiller national zurichois Bastien Girod, elle instaure de nouveaux soutiens pour toutes les installations d’énergies renouvelables, qui permettront d’augmenter la production d’électricité durable de 11 TWh par an sur dix ans. Trois quarts de cette hausse sera issue du photovoltaïque. Au total, cela équivaut à trois fois plus d’énergie que la production de la centrale nucléaire de Mühleberg.
La comparaison avec la production nucléaire n’est pas un hasard. En effet, le lobby de l’atome reste très actif et des propositions de prolongation de nos vieilles centrales, voire de construction de nouvelles installations nucléaires, sont dans l’air.
Sans un développement rapide des énergies renouvelables, cette pression se maintiendra. Le peuple s’est clairement prononcé sur la sortie du nucléaire et la construction d’une nouvelle centrale prendrait non seulement des décennies, mais présenterait aussi des coûts rédhibitoires. Une prolongation de nos vieilles installations pourrait en revanche être décidée et représenterait un risque inutile pour la population.
Pour éviter un tel risque, il est indispensable d’accélérer massivement le développement du solaire et des autres énergies renouvelables, mais aussi de soutenir les pratiques plus efficientes et économes en énergie. La décision positive prise pendant la session de septembre n’est qu’un premier pas.
La commission de l’environnement du Conseil des États commence maintenant une révision de la Loi sur l’énergie, qui définira des mesures à plus long terme.
De l’ambition de cette révision dépendra le bon déroulement de la transition énergétique, du point de vue de la sortie du nucléaire comme des énergies fossiles.
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