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Photo du rédacteurLaureneDescamps

Le rôle de l'activisme dans le changement systémique

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Berne, Lucerne, Baden, Neuchâtel et d'autres villes suisses le 20 septembre 2024 pour exiger des mesures efficaces pour se conformer à l'Accord de Paris sur le climat et se protéger contre les catastrophes climatiques à venir.



Activisme et changement systemique
Crédits : pixabay, dmncwndrlch

L'étude récemment publiée par la Commission de la santé planétaire du Lancet souligne le besoin urgent de changements sociétaux et économiques radicaux pour rester dans l’espace sûr et équitable pour l'humanité. Ce qui rend cela encore plus difficile, c'est que ces changements doivent se faire rapidement.  


Les questions suivantes se posent : comment amener les politicien·nes à suivre le consensus scientifique et à respecter les accords qu'ils ont ratifiés, tels que l'Accord de Paris (2015) ? Comment sensibiliser le public et faire en sorte que les gens votent pour des hommes et des femmes politiques qui mettent l'accent sur l'utilisation durable de nos ressources et donc sur notre bien-être à moyen et à long terme ? Comment pouvons-nous permettre d'agir plus rapidement ? Quelles activités pouvons-nous mettre en œuvre en tant qu'individus et en tant que collectif ?   

 

Le rôle de l'activisme  

L'activisme sous ses différentes formes  manifestations, pétitions, désobéissance civile  joue un rôle crucial dans le changement sociétal , selon une étude récente publiée dans le journal Nature. L'étude souligne qu'il est fondamental de sensibiliser aux conséquences dramatiques du changement climatique. L'inquiétude accrue du public peut faire du changement climatique un problème politique urgent, influencer le comportement électoral et créer un soutien pour une action climatique plus ambitieuse.  

L'étude a examiné différentes formes de protestation et a montré que, malgré des discussions polarisantes, tout type de protestation conduisait à une prise de conscience accrue de la population.  


Étude : https://www.nature.com/articles/s41467-024-46477-4

Les points indiquent les valeurs moyennes hebdomadaires d'inquiétude concernant les conséquences du changement climatique (2016-2020, SOEP). Les valeurs hebdomadaires de Google Trends pour les termes de recherche Fridays for Future (FFF), Ende Gelände (EG) et Extinction Rebellion (XR) sont affichées. 


En d'autres termes, cette étude indique qu'après les manifestations pour le climat, une proportion plus élevée de la population perçoit le changement climatique comme une préoccupation. Les résultats de l'étude suggèrent que les manifestations pour le climat ne prêchent pas seulement aux personnes déjà « converties », mais qu'elles convainquent également des personnes auparavant indifférentes. Cela peut conduire à changer le discours public et à permettre un changement plus important.  


En effet, des collègues et partenaires du One Planet Lab ont rapporté qu'au plus fort du mouvement climatique en 2018 et 2019, il était plus facile pour les ONG et les politiciens d'adopter des lois et de progresser vers une politique climatique ambitieuse.   


Dangers et potentiels des manifestations polarisantes 

L'article « Pourquoi les manifestations fonctionnent – même quand c'est impopulaire » analyse l'effet potentiellement polarisant des mouvements et les explique à l'aide d'exemples. L'activisme est complexe et peut être polarisant : alors que certaines actions mènent au succès souhaité, d'autres peuvent faire tomber les militants dans un cycle d'aliénation du grand public. L'article soutient que la polarisation d'une question est une partie inévitable et nécessaire du changement social. Les mouvements progressistes devraient se rendre compte que la polarisation est une force qu'ils peuvent utiliser comme un outil, plutôt que de simplement l'éviter. 


Un autre concept lié aux aspects positifs et négatifs de la polarisation est appelé « effet de flanc radical » par les théoriciens des mouvements sociaux. L'idée est que la présence d'une faction plus militante au sein d'un mouvement – composée d'activistes qui utilisent des tactiques extérieures plus controversées – peut rendre les exigences des réformateur·trices traditionnel·les plus raisonnables. De telles factions « radicales » peuvent renforcer la position de négociation des initié·es en arrachant des compromis à celles et ceux qui sont au pouvoir. Ils sont alors plus disposés à négocier avec l'homologue « respectable » lorsque confronté·es à la menace d'une alternative plus intransigeante. 


Dans l'ensemble, les études montrent  que, malgré la polarisation, les protestations et les mouvements peuvent obtenir les résultats souhaités et influencer positivement l'opinion publique, le discours et le comportement électoral. Le soutien à la cause d'un mouvement peut croître même si la tactique ne rencontre pas l'approbation générale.  



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